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Élections à l’Assemblée communautaire fransaskoise : Edgard Assoua et Denis Simard débattent pour convaincre les électeurs |RADIO-CANADA|

Prenez note que cet article ne fait plus l’objet de mise à jour et pourrait contenir des informations désuètes.

RADIO-CANADA – Vicent H. Turgeon, publié le 26 octobre 2023

Les deux candidats en lice pour le poste de président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Denis Simard et Edgard Assoua, se sont affrontés ce jeudi dans un débat organisé par ICI Saskatchewan.

Les deux candidats à la présidence de l’Assemblée communautaire fransaskoise, Edgard Assoua et Denis Simard, ont pu expliquer leur vision de la Fransaskoisie dans un débat organisé par ICI Saskatchewan.
PHOTO : RADIO-CANADA / ROB KRUK

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Denis Simard, qui occupe le poste de président de l’organisme depuis cinq ans, brigue un troisième et dernier mandat.

Mon travail n’est pas accompli, explique-t-il. On a tellement fait de belles choses au cours des derniers cinq ans et demi qu’il y a des éléments de ces projets-là qui doivent absolument se poursuivre.

Denis Simard, qui a effectué deux mandats à titre de président de l’ACF, souhaite poursuivre le travail déjà entamé.
PHOTO : RADIO-CANADA / ROB KRUK

Denis Simard dit que les Fransaskois lui expriment leur satisfaction par rapport à l’ACF au cours des dernières années. Il souligne notamment le travail effectué en termes d’inclusion, d’immigration et de financement pour les divers organismes.

On a des projets d’envergure qui influencent, pour le meilleur, la communauté, soutient le président sortant.

Denis Simard affirme, par ailleurs, avoir un emploi lui permettant de consacrer le temps nécessaire à la fonction de président de l’ACF. Au cours de la dernière année, le président sortant affirme y avoir consacré 220 jours, et ce, sans que cela ne crée de conflit avec son travail.

Edgard Assoua, pour sa part, en est à sa première campagne pour devenir président de l’Assemblée communautaire fransaskoise. Il est actuellement enseignant au Conseil des écoles fransaskoises et président de l’Association des parents fransaskois.

Installé au Canada depuis maintenant 20 ans et à Ponteix, dans le sud-ouest de la Saskatchewan, depuis 10 ans, M. Assoua se dit profondément attaché à la province et à sa communauté.
PHOTO : RADIO-CANADA / ROB KRUK

Edgard Assoua dit que, malgré son emploi, il pourra prendre le temps nécessaire pour remplir le rôle de président de l’ACF. Il affirme que la division scolaire fransaskoise met en place des jours spécifiques […] pour les personnes comme [lui] qui sont présidents d’organismes communautaires et qui doivent partir, voyager.

Je peux prendre autant de jours dont j’ai besoin à la discrétion de la direction, bien sûr, ajoute-t-il.

Edgard Assoua dit que, durant ses rencontres avec les électeurs, il a entendu des reproches à l’égard de l’ACF, notamment en milieu rural.

Les Fransaskoises et les Fransaskois me disent que l’ACF empiète dans le champ de compétences des organismes, soutient le candidat. Ils me disent aussi qu’il n’y a pas de visibilité du fait français. On dirait qu’on n’existe pas.

Edgard Assoua reproche notamment à l’organisme provincial de se concentrer sur les grandes villes et d’oublier les plus petites communautés.

Il y a du travail qui est fait, il faut le respecter, mais je pense qu’on peut aller plus loin.

Comment renforcer l’engagement communautaire des Fransaskois?

Le premier thème de ce débat s’est porté sur le manque d’engagement communautaire auquel font face certaines communautés fransaskoises. En témoignent notamment les postes de députés de l’ACF qui demeurent vacants à Ponteix et à Bellegarde.

Près de 80 personnes s’étaient présentées le samedi matin aux 33e Rendez-vous fransaskois, en 2022. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA

Afin de remédier à cette situation, Denis Simard rappelle les diverses mesures déjà mises en place par son équipe. Il cite notamment les formations de leadership communautaire.

Fondamentalement, pour la communauté, le meilleur travail qu’on peut faire, c’est de s’écouter, de travailler ensemble, d’être encore de meilleurs voisins et voisines […] et de s’assurer qu’on s’entraide, qu’on s’aime, qu’on travaille ensemble et qu’on revienne à avoir du plaisir dans notre communauté.

De son côté, Edgard Assoua compte renforcer la présence de l’ACF aux quatre coins de la province. Une stratégie qui, selon lui, permettra de redynamiser les communautés fransaskoises.

Comme président, je vais demander à chaque député communautaire […] qu’il fournisse à l’Assemblée des députés communautaires deux événements importants dans sa communauté. [Je demanderais ensuite] à ce qu’une délégation de l’ACF soit présente lors des événements les plus importants dans chaque communauté.

Le candidat estime qu’une telle mesure permettra à l’organisme provincial de renforcer son leadership et de reprendre contact avec les organismes dans les milieux ruraux.

Edgard Assoua reproche à son adversaire d’avoir transformé l’ACF en un concurrent des autres organismes. Cela créerait une situation qui dupliquerait certains services, affirme M. Assoua.

Denis Simard rejette cette affirmation.

On travaille très bien avec les autres organismes, particulièrement dans la question des régions, soutient le président sortant de l’ACF. Ce dernier rappelle notamment la présence d’une équipe de cinq employés qui se consacre au développement communautaire.

Afin d’alléger le travail qui se fait au sein des communautés, M. Simard affirme qu’il faut enlever toute la lourdeur administrative. Il estime qu’il faut centraliser les tâches administratives telles que les demandes de financement et la gestion des ressources humaines. Une telle démarche permettrait, selon M. Simard, aux organismes régionaux d’être à l’écoute de leur communauté et s’assurer [que les Fransaskois] ont du plaisir.

Comment valoriser l’éducation française en Saskatchewan?

Autre point de discussion lors du débat : l’éducation, qui joue un grand rôle au sein de la Fransaskoisie, notamment grâce aux écoles francophones. Certaines d’entre elles sont toutefois trop bondées ou nécessitent des réparations.

Les deux candidats reconnaissent que les Fransaskois ont besoin de plus d’écoles francophones dans la province. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / BRENNA OWEN

Malgré ces défis, Denis Simard souligne que son équipe doit poursuivre le travail déjà entamé.

Le président sortant souligne être en train de travailler sur la mise en place d’un plan à long terme pour les besoins des différentes infrastructures scolaires à travers la province.

Nous savons que la province ne va pas, du jour au lendemain, nous créer 20 écoles. Donc nous devons trouver des façons qui vont nous permettre d’aller négocier, explique-t-il.

M. Simard compte également travailler avec le gouvernement fédéral afin d’avoir davantage de financement pour la construction de nouvelles écoles, et ce plus rapidement. Il déplore du même coup les échéanciers mis en place par le gouvernement saskatchewanais qu’il juge trop lent.

Du côté postsecondaire, Denis Simard aimerait développer davantage de programmes universitaires en français afin que nos jeunes ne quittent pas la province. Le président sortant souhaite aussi continuer à investir dans le développement du Collège Mathieu.

Edgard Assoua, pour sa part, aimerait que l’ACF travaille sur le parcours scolaire des jeunes Fransaskois, de la petite enfance au postsecondaire.

Il faut soutenir le système éducatif. Nous avons besoin d’infrastructures, de places en garderie, de plus d’écoles, de plus de programmes postuniversitaires.

Edgard Assoua reconnaît que, dans les petites communautés, l’école joue un rôle central dans l’effervescence de la communauté. Le candidat tenterait de faire valoir au gouvernement provincial que la redynamisation de certaines communautés dépend de ces nouvelles infrastructures.

Je prends l’exemple de la ville de Swift Current où il y a plusieurs Fransaskois. On n’a aucune école là, déplore M. Assoua. Ici, à Regina, on a deux écoles. On nous annonce une autre école en 2025. On aurait besoin d’au moins deux écoles supplémentaires!

Un avis que partage Denis Simard, ce dernier soulignant l’importance d’un établissement scolaire pour le développement d’une communauté fransaskoise.

M. Simard souligne qu’avec les modifications faites lors du dernier recensement, l’ACF connaît maintenant le nombre d’enfants ayant droit à une éducation française en Saskatchewan. Le président sortant compte utiliser ces données pour faire valoir au gouvernement provincial l’importance de construire de nouvelles écoles.

Edgard Assoua a, par ailleurs, profité du débat sur l’éducation pour réitérer son soutien au recrutement d’élèves à l’international effectué par le Conseil des écoles fransaskoises (CEF). M. Assoua reproche également à son adversaire de ne jamais avoir déclaré son appui à cette initiative du CEF.

On parle de partenariat et pourtant, on n’est pas capable de soutenir publiquement cet organisme, a-t-il reproché à Denis Simard.

Comment encourager l’immigration francophone?

L’Assemblée communautaire fransaskoise reconnaît l’importance de l’immigration pour renforcer et maintenir son poids démographique.

Tant Denis Simard qu’Edgard Assoua affirment que l’immigration est essentielle à la croissance de la communauté fransaskoise. (Photo d’archives)
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK

À cette fin, Edgard Assoua aimerait que le gouvernement provincial établisse une cible du nombre d’immigrants francophones.

Voilà où se situe le rôle de l’ACF. C’est de soutenir avec un leadership constant, pas un leadership qui a peur, qui est effrayé de dire les choses, reproche le candidat. Disons les vraies affaires : nous avons besoin d’une cible en immigration.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a fixé la cible à 8 %. On va demander au moins 8 %, soutient Edgard Assoua, se questionnant du même coup pourquoi le gouvernement provincial ne se rend pas dans des pays francophones pour attirer de nouveaux immigrants.

Denis Simard, pour sa part, affirme qu’il continuera le travail déjà commencé sur le dossier de l’immigration, soulignant que l’ACF entretient des relations très étroites avec le ministère de l’Immigration de la province.

Je ne vais pas dire de mensonge : il est malheureux que ce ministère n’est pas intéressé à avoir une cible francophone, malgré tous les efforts de la communauté, malgré les efforts du ministère national, malgré la FCFA, déplore-t-il toutefois.

Afin de pallier le manque du gouvernement saskatchewanais, Denis Simard affirme que l’ACF et d’autres organismes se rendent à l’international afin de recruter et d’attirer de nouveaux arrivants issus de pays francophones.

Quand la Saskatchewan est représentée par le gouvernement de la Saskatchewan, on ne parle pas de la communauté fransaskoise. C’est notre devoir d’aller le faire et nous le faisons déjà depuis 20 ans.

M. Simard souligne par ailleurs le travail fait par le Réseau en immigration francophone de la Saskatchewan (RIF-SK) pour aider les nouveaux arrivants à s’intégrer dans les diverses communautés.

Les gens qui choisissent de venir chez nous, c’est un cadeau.

Comment impliquer les jeunes sans oublier les aînés?

Selon l’ACF, l’exode des jeunes est l’un des problèmes auquel doit faire face la communauté. Or, malgré l’importance de séduire la prochaine génération, les candidats ne doivent pas pour autant oublier les aînés qui souhaitent vieillir au sein de leur communauté en français.

Des centaines de jeunes fransaskois et francophiles ont célébré en français lors du dernier Festival Francofièvre, en mars dernier. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / TREVOR BOTHOREL

Edgard Assoua croit qu’une communauté plus visible à l’échelle provinciale pourrait revitaliser cette dernière.

La vitalité de la communauté fransaskoise se perçoit aussi dans la visibilité de la communauté, soutient Edgard Assoua qui se désole, par exemple, de ne pas voir de signe officiel représentant la Fransaskoisie à l’aéroport de Regina.

Le candidat affirme qu’il y a une urgence à avancer dans ces dossiers, reprochant à Denis Simard de maintenir un statu quo depuis sa première élection.

Depuis deux mandats, nous avons avancé à pas de tortue, estime M. Assoua.

M. Simard, pour sa part, aimerait que la communauté change sa vision par rapport à la jeunesse. Les jeunes ne sont pas l’avenir, ils sont aujourd’hui. Ils sont là. Ils veulent absolument faire partie de notre communauté.

Le président sortant estime toutefois que la structure de la communauté et l’administration des organismes peuvent être des facteurs qui démotivent les jeunes Fransaskois à s’impliquer.

Des comités, des réunions, du bénévolat et tout ça, c’est un format qui, peut-être, ne répond pas à leurs besoins, reconnaît-il, rappelant du même coup que la priorité devrait être mise sur le plaisir de s’impliquer et d’être Fransaskois.

Denis Simard estime aussi que les chicanes au sein de la Fransaskoisie peuvent être l’un des éléments qui éloignent la jeune génération.

Un nombre de conflits qui auraient augmenté depuis le début de la présidence de Denis Simard, rétorque, pour sa part, Edgard Assoua.

Depuis que Denis Simard est le président de l’ACF, il y a tellement eu de divisions, de blessures. Plusieurs Fransaskois sont découragés, plusieurs sont déçus parce que ce leadership a tourné le dos à ceux qui l’ont porté à la présidence de l’ACF, accuse Edgard Assoua, soulignant du même coup qu’il travaillera à l’unité de la communauté.

Denis Simard, de son côté, soutient que les Fransaskois discutent de sujets qui sont difficiles, mais qui sont nécessaires.

Malgré l’importance des jeunes, Denis Simard se dit aussi conscient qu’il faut valoriser les aînés fransaskois.

Je suis fier de voir à quel point les aînés ont un meilleur service aujourd’hui, un meilleur accès à des activités, un meilleur soutien. Par contre, il faut en faire plus.

Denis Simard aimerait voir un élargissement des services médicaux et des centres d’hébergement disponibles en français.

De son côté, Edgard Assoua affirme avoir en priorité le dossier de la santé des aînés fransaskois.

Comme président, je vais m’assurer de travailler à mettre en place des services en français à domicile. Veiller à ce que les aînés restent chez eux le plus longtemps possible.


Le jour du scrutin se tiendra le 1er novembre prochain. Une journée de vote par anticipation est toutefois organisée le 28 octobre dans les différentes communautés de la province.

Critères à satisfaire pour voter aux élections de l’ACF :

  • Résider en Saskatchewan depuis au moins six mois;
  • Être âgé d’au moins 16 ans;
  • Comprendre le français;
  • Vouloir promouvoir le fait français;
  • Respecter les buts fondamentaux de l’ACF.

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